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L'impossibilité des corneilles
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Fiche technique

Format : 14 x 22,7 cm
224 pages
Broché
ISBN : 2-84804-024-6
Sortie : 20 septembre 2004
Prix : 19€

Qingdao, capitale de la province du Shandong sur la mer Jaune, à l’autre bout du bout du monde, dans un futur proche où l’on soupçonne qu’une révolution politique a secoué l’éternel Empire du Milieu.
Le narrateur est un agent double obsédé par sa très grande forme physique et le discours de la méthode. Pour ce qu’on en sait et qui n’est pas peu, il travaille pour le conte d’une manière de club maniaque, ou de gang paramilitaire, qui s’entend à corriger certains vices du désOrdre mondial en coupant sans trembler certaines têtes trop ambiguës.
Le problème, c’est que tout n’est pas aussi outrageusement simple : le dépaysement, semble-t-il, les cercles vicieux de la ville, diverses histoires ressurgies, ses pulsions paranoïaques ou une maladie rêvée, un fantasme qui s’incarne, ébranlent peu à peu son implacable rigueur de moine guerrier.

« L’impossibilité des corneilles » possède tous les éléments d’un roman noir captivant et envoûtant. Mais il est plus que cela.
Des méandres de Qingdao aux méandres de la fiction… quand les « êtres de papier » sont aux prises avec une «bizarre activité romanesque» jamais leur sang, goutte à goutte, n’a paru plus rouge… sur fond blanc.

Extrait

L’AVION GLISSE et dérape sur la piste verglacée : j’arrive à l’aube dans la capitale d’une vaste Province dont je ne connais pas la langue par devers-moi.
Il paraît improbable, compte tenu de leur altérité radicale, que j’en reconnaisse jamais les signes pour ma propre gouverne et mon propre chef.
Mais je ne sache pas qu’on menace de me les faire apprendre d’abord par la force. À moins que je m’égare et si le décalage horaire ne m’abuse pas le Gouvernement m’invite ici plutôt en grande pompes officielles.
D’ailleurs une femme en tailleur strict qui parle ma langue pour être de mon pays m’attend à l’aéroport et m’emmène avec force courbettes jusqu’à une limousine Honqgi noire sous un parapluie renforcé de baleines en argent.
De tout cela je ne trouverais guère à me plaindre si à la vérité ma propre compétence ne m’était quant à moi parfaitement inconnue, mon identité, ici, ma raison, mon prétexte…
Mais je ne suis pas arpenteur non plus…ni rien, semble-t-il, d’abord…
Bientôt, cercle au dessin parfait parmi la brume, le Soleil se lève dans la baie au dessus de la ville.
D’où venait l’obscurité, auparavant, en deçà de la clôture apparente, apparemment posée… ?
Puis l’œil s’adapte à la lumière.
La main tremble, hésite, prend, malgré l’épuisement, une feuille et un stylo pour noter au bref, selon maint signe cabalistique, les détails de la suite, sur un lourd bureau de bois nocturne, devant la baie panoramique, au dessus de la ville brouillée par le déluge.

Éviter avant tout martel en tête rupture très  prématurée du méthodique.

D’abord j’estime en trois coups d’œil que ma suite en haut d’un gratte-ciel au centre du centre est irréprochable.
Gauche, droite, demi-tour : la chaîne, le bar, le bureau et la bibliothèque (je  ne vois pas tout, j’en passe), lignes droites, bords tranchants, répartis au millimétrique, entre tombé des rideaux et brouillons des coussins, dans l’espace compliqué par les doubles vitrages, vieilles affiches  sous appliques de films hong-kongais dans les couloirs (dans la chambre 2046 un homme seul écrit de la science de fiction), une toile posthume de Soulages face au lit, un dessin de Joseph Beuys, au-dessus du bureau, représente un cerf en élan.
Je ne m’y connais guère en animaux.
C’est dommage.
Face au canapé indigo du salon deux toiles de même format : une jeune fille à genoux sur un tapis, le visage penché, la chevelure effondrée en cascades ; on distingue, par la croisée, malgré la pénombre, une rivière, en bas, qui charrie des épaves, un pâturage jusqu’au rideau de sapins où s’immisce une silhouette anonyme.
Évidemment le tapis, au milieu du salon, présente les mêmes motifs que le tapis de la toile : des oiseaux stylisés, sur fond d’azur, qui ressemblent à des corneilles, et dont certaines ont perdu la tête aux entournures.
À gauche, dans la pénombre, dans un cadre doré à la feuille, un jeune homme brun et une jeune fille blonde qui ressemble un peu trop à l’autre sont penchés sur un livre dont il est impossible de déchiffrer d’abord le moindre mot. La lecture s’affinerait-elle…mais rien n’est capable, semble-t-il, de distraire leur rêverie excessive : ni le vieillard aveugle (il porte, en tous les cas, des lunettes noires) qui s’est faufilé derrière eux, ni les grondements de l’orage qui se rapproche, ni l’incendie qui lèche la grange, ni l’histoire, pourtant captivante, dont l’attention a fini par s ‘envoler.
À l’évidence, les mains sont jointes, sous la table, les jambes emmêlées.
Tout menace, mais je ne sais pas tout de suite comment l’histoire finit mal parce que je me couche dans le lit de 480 couvert de satin blanc à liséré rouge.
Rupture prématurée.

Je rêve.

Je sommeille à l’arrière d’une longue voiture carmin intérieur cuir, la tête sur ma veste roulée en boule. C’est une femme qui conduit en silence, coupe à chaque fois un peu plus les virages en lacet.
Il pleut sans cesse à des rumeurs nucléaires de nuages bleus.

«

Amour, anticipation, aventure servis par une écriture ciselée. Atmosphère oppressée,
palpable rendue par un sens aigu du détail et du rythme. Entre roman noir et réflexion
sur la création littéraire, Julien de Kerviler signe le deuxième opus de sa "science de fiction".


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